Quels est votre parcours artistique ?
Je suis un autodidacte complet ! J’ai appris la musique en jouant dans l’orchestre de bal la boussière de mon père à la Réunion, à partir de l’âge de 7 ans. Je jouais de la batterie, au départ sans atteindre la pédale de grosse caisse ! et de l’accordéon. Puis je me suis mis à la guitare électrique à l’âge de 16 ans, l’accordéon était devenu ringard… J’ai tout de même appris le solfège après mes 20 ans et un service militaire en métropole, avec mon frère Renaud, qui était trompettiste et compositeur aussi et vivait en Vendée. Après une période en Vendée puis à Paris, où j’ai croisé pas mal de musiciens corses, manouches, etc., je suis retourné à la Réunion. J’y ai fondé des groupes dont Caméléon avec Alain Péters. Nous avons fait venir Loy Erlich. Cela a été un groupe très important, qui a créé le maloya électrique, et avait un succès énorme sur l’île. Mais pas moyen d’en sortir ! pas de tournées ailleurs possible à l’époque. Alors je suis reparti pour la métropole, de nouveau à Paris, j’y ai de nouveau croisé des musiciens de jazz, et je commencé à enregistrer et fonder mes groupes (guitare lead, chant et de nouveau accordéon), j’ai enfin pu tourner dans le monde entier, beaucoup en Afrique, à Madagascar aussi, en Australie, en Inde. J’ai pu croiser des gens comme Manu Dibango, Raùl Barboza, Bob Brozman, les frères Bhattacharya qui m’ont ouvert d’autres portes musicales et professionnelles. Mais j’ai aussi travaillé et continue à la faire avec des gens très divers, Fixi, La Rue Kétanou, Loïc Lantoine, Fantazio, autant qu’avec Lindigo ou Danyèl Waro ! Je suis porteur d’une tradition forte et créative, elle me nourrit et me fait continuer à avancer.
Vous êtes déjà venu au festival Détours du Monde, quelle vision en gardez-vous ?
Je suis venue à deux reprises, en 2013 avec une création musico-circassienne soutenue par le Festival d’abord (avec la Cie du P’tit Vélo pour Ebullition Créole, sous chapiteau), puis en 2014 avec mon groupe familial, René Lacaille èk Marmaille, une deuxième fois, ce sera la troisième fois, en trio avec mon fils Marco Lacaille(basse et chant, percussions) et Aldo Guinart (Sax, flûte) en cette saison 2020 très particulière, mon premier concert depuis des mois en live avec du public ! Et à Chanac, ce sera le bonheur !
Le festival Détours du Monde développe une thématique comme fil conducteur depuis plusieurs années. Cette année nous parlons du langage (au sens large du terme) Quelle perception avez-vous de notre thématique de cette année?
C’est une question particulière pour moi, le langage, c’est d’abord la question des langues : le créole, qui est ma langue maternelle et le français appris à l’école, ce n’était pas forcément simple car on nous interdisait de parler créole à l’école… C’est une expérience partagées avec beaucoup de gens, dans ce genre de festival ! Aujourd’hui, je vis en métropole et je lis beaucoup, ce qui fait que mon rapport au français a changé, mais je compose uniquement en créole. Au fond, je suis créole surtout ! et le langage c’est aussi le fait de communiquer, pas forcément avec des mots, avec la musique, les expressions, ou des gestes, c’est ce que je fais car je ne parle pas d’autres langues et je me débrouille à l’étranger, comme je peux.
Quel lien faîte vous entre la musique et le langage ?
Existe-t-il selon vous un langage musical ?
Pour moi c’est la même chose, la musique est un vrai langage, sensible, sans les mots qui peuvent poser problème quand on ne maîtrise pas une langue – et la langue peut être musicale aussi !
https://www.facebook.com/odile.lagacherie/videos/10207149644857287/
https://www.youtube.com/watch?v=1UNt9SgkO28